LE TRIPODE

L'Éternité, brève

Étienne Verhasselt


L’Éternité brève est le deuxième recueil de nouvelles d’Étienne Verhasselt. Et il est encore plus ahurissant que son premier. Étienne Verhasselt est une rareté.

En guise de présentation, interview de l’auteur par Étienne Verhasselt :

— Étienne Verhasselt : Donc un deuxième recueil, L’Éternité, brève ?
— L’Auteur : En effet, après Les Pas perdus l’inspiration ne s’est pas tarie.
— E.V. : Donc un deuxième recueil, L’Éternité, brève ?
— A. : À partir du même principe d’écriture, l’étonnement. Je ne prémédite pas un texte, une idée me vient et, si elle me trotte dans la tête durant deux ou trois jours, je sais que je tiens quelque chose : une histoire qui se livrera au fur et à mesure que je l’écrirai et qui me conduira de surprise en surprise. Un vrai bonheur.
— E.V. : Donc un deuxième recueil, L’Éternité, brève ?
— A. : Absolument. Et envisager de publier un second ouvrage a été une expérience radicalement différente. Cette fois j’étais confronté à la question de l’œuvre. Je veux parler de ma responsabilité vis-à-vis des textes, de moi-même et des lecteurs. Car je ne pouvais plus me contenter de dire innocemment, comme lors du premier geste naïf des Pas perdus, que j’écris pour le simple plaisir. L’affaire était devenue un peu sérieuse.
— E.V. : Donc un deuxième recueil, L’Éternité, brève ?
— A. : Comme vous dites. Et cette question de l’œuvre était la suivante : ce que j’écris compte-t-il un tant soit peu, publier encore a-t-il un sens ? Eh bien, il me semble que oui. Car mes nouvelles, y compris les plus farfelues, ne sont pas gratuites, elles distillent les frasques continuelles du plus grand foutoir de l’univers, du foutoir par excellence : l’être humain. Mais un foutoir parfois bouleversant d’absurde et de poésie !
— E.V. : Donc un deuxième recueil, L’Éternité, brève ?
— A. : Avec, en préambule, cette déclaration : 
L’absurde et la poésie sont ici une écume des jours. Ni frivoles ni insouciants, ils emportent la matière tragique et dérisoire de la plupart des vies – l’amour, la solitude, la folie, la mort – pour la confier à l’Imaginaire, où elle se sublime et nous avec elle. Dans ce recueil l’écriture n’est pas autre chose que le creuset propice à cette transfiguration miraculeuse.
— E.V. : En somme : un deuxième recueil, L’Éternité, brève.
— A. : J’allais le dire.

L’Auteur

Étienne Verhasselt est né à Bruxelles, en 1966. Après des études de graphisme (ESA Saint-Luc, Bruxelles), il effectue un master en psychologie clinique à l'Université Libre de Bruxelles (ULB). Il travaille actuellement dans une communauté thérapeutique.
Finaliste en 2018 du prestigieux prix Rossel, son premier recueil - Les Pas perdus - est lauréat du prix Cornélus (Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique) et du prix Magie de la Littérature (Festival international du livre Transilvania, Roumanie). 

Au Tripode, il est l'auteur de Les Pas perdus (2018), L'Éternité, brève (2019) et Après l'éternité (2022).

Presse

Un an après ses marquants débuts avec Les pas perdus, Etienne Verhasselt signe un nouvel ovni jubilatoire, tour à tour étrange, poétique, glaçant, hilarant.
Nicolas Crousse Le Soir

Étienne Verhasselt, on lui ferait offense en disant qu’il est la révélation de cette rentrée, lui qui fait se mirer, avec une économie aussi radicale qu’hilarante, le narcissisme contemporain, l’étalage de la médiocrité comme savoir universel, les fausses pudeurs ou la célébrité montée en chantilly par les critiques. Chez lui, point n’en faut davantage que deux pages pour donner écho au vertige de l’impossible quadrature: être ou ne pas être, aimer ou ne plus l’être, écrire en se taisant, publier pour disparaître, vomir "ad nauseam" des nouvelles singulières comme les lapins de l’écrivain argentin Cortázar. Toutes renouvellent le thème, celui de l’homme commun aux prises avec lui-même, toutes surprennent, séduisent.
Sophie Creuz – L'Écho

Retenez ce nom. Lisez-le !
Michel Dufranne – RTBF

Ce sont soixante-et-onze échos radars de notre monde, des plus faibles aux plus nets, qui se donnent ici à lire. Des fictions brèves comme autant de signaux. À ce jeu-là, Étienne Verhasselt excelle, avec un visible plaisir et une stupéfiante économie de moyens. Le regretté Alain Nadaud définissait la nouvelle telle une opération commando, agissant par surprise et dans la foulée se concluant. On ne pouvait rêver plus parlante illustration.
Jean-Claude Lebrun – L'Humanité

Etienne Verhasselt va plus loin que le drame existentiel, il dresse aussi le réquisitoire contre une modernité vaine, vide, qui porte au pinacle la médiocrité, appauvrit le langage et les goûts, uniformise l'imaginaire et enterre toute forme de démesure. Il est difficile de vous lire un extrait parce que c'est dans l'enchainement d'une logique vertigineuse, un peu à la Raymond Devos, que ces nouvelles séduisent par leur paradoxe. Le titre à lui seul en donne la mesure : l'éternité, brève. L'étrange, l'humour, la fantaisie, ne sont ici que la doublure d'une angoisse, d'une blessure orpheline de l'immensité confisquée. Mais confisquée par qui. Par soi, par l'autre? C'est toute la question. Et ces 297 pages n'en viennent heureusement pas à bout.
SC – Musiq3

Enveloppée dans un climat évoquant Kafka, Boris Vian, Julio Cortázar, la tonalité du recueil est celle de la discordance, de la faille. Le monde glissant dans le cauchemar, assistant à la volée en éclats de ses lois, de ses axiomes de base, l’humain perd les commandes de sa destinée.
Véronique Bergen – Le Carnet et les instants